Entre Cannes et Antibes, à flanc de colline, Vallauris ne paie pas toujours de mine au premier regard. Pourtant, cette ville des Alpes-Maritimes cache un trésor : une tradition céramique pluriséculaire, qui a su traverser le temps, se réinventer, et même séduire les plus grands artistes du XXe siècle.

Tout commence à l’époque romaine, lorsque les premiers potiers exploitent les gisements d’argile locale. Grâce à la qualité de sa terre et à un climat propice à la cuisson au bois, Vallauris devient un site de production reconnu, principalement pour des objets du quotidien : amphores, vaisselle, jarres…

Au XVIe siècle, l’activité s’intensifie. La ville se spécialise dans la poterie culinaire vernissée : plats, cruches, toupins, mortiers… Les artisans travaillent dans des ateliers souvent familiaux, où les gestes se transmettent de génération en génération.

Au XIXe siècle, la ville connaît son âge d’or. Près de 80 ateliers sont recensés à Vallauris. La production devient semi-industrielle, portée par une demande croissante dans toute la France. Malgré la concurrence des nouveaux matériaux, la céramique vallaurienne conserve sa réputation pour sa robustesse et son esthétique authentique.

En 1946, Pablo Picasso découvre par hasard l’atelier Madoura. Fasciné par la terre, il s’installe à Vallauris et crée plus de 4 000 œuvres céramiques. À sa suite, une génération d’artistes – Jean Marais, Roger Capron, Robert Picault… – transforme la ville en un haut lieu de l’art moderne.

Aujourd’hui, Vallauris continue de faire vivre cet héritage. Les ateliers contemporains perpétuent les gestes anciens tout en explorant de nouveaux langages. La ville accueille la Biennale Internationale de Céramique, des expositions, et abrite plusieurs musées, dont le Musée national Picasso – La Guerre et la Paix.

À Vallauris, la terre parle encore, et chaque pièce raconte une histoire.